Non, elle n'est pas très grande cette bibliothèque, mais j'y concentre vraiment les livres que j'aime et qui m'ont le plus marqué. Ce sont des critères un peu vagues, et de fait on y trouve un peu de tout. En plus, je les balance en vrac, sans soucis de classement aucun. Les classements, c'est morbide d'abord.

Cette petite bibliothèque idéale, paradoxalement aussi imparfaite qu'elle pourra paraître, sera aussi -je l'espère- en perpétuelle évolution.

Voilà, on peut commencer :-)

 

 

 

Hyperion et La chute d’Hyperion (Dan Simmons): Je tiens à les faire figurer dans cette page parce qu'ils restent dans mon esprit comme l'archétype du genre romanesque. Il faut lire Dan Simmons pour l’imagination, la poésie des mots et des images ; pour le plaisir d’intégrer un univers à la fois futuriste et parallèle au notre. Pour le foisonnement du scénario, la description unique (effrayante, en fait) de ce qu’EST la douleur physique mais aussi psychique. Elle est couchée sur le papier par l'auteur. Pour les personnages, leur mélancolie et leurs obsessions qui se confondent. Pour le mystère du "Gritche", cette abstraction monstrueuse de l’expiation. A conseiller avant tout à ceux qui n’aiment pas la SF.

 

 

 

De sang froid

De Sang-Froid / In cold blood, (Truman Capote) : c’est l’oeuvre d’une vie. Celle d’un dandy new yorkais que rien ne prédisposait à se retrouver dans les rudes plaines du Kansas, à tenter d’expliquer sous la forme d’un roman le pourquoi d’un quadruple meurtre sans mobile. Et pourtant, c’est époustouflant de voir avec quelle justesse Capote reconstitue les mécanismes psychologiques des meurtriers, deux paumés aussi différents qu’inséparables. On passe quelques jours dans leur tête et on n’en ressort pas indemne, sans blague.
Il y a derrière tout ça un remarquable travail d’investigation qui tourne à la maniaquerie obsessionnelle chez l’auteur, mais cet aspect documentaire ne se ressent pas une seconde tant l’ensemble est remarquablement écrit. Bigger than life, voilà ce qu’est De sang froid.

 

 

Voyage au bout de la nuit

Voyage au bout de la nuit, (Louis Ferdinand Céline) : Le monde est hideux, les gens sont laids, les gens sont méprisables, que l’on ne s’y trompe pas. Pourtant il faut bien tracer sa voie malgré tout, son petit bonhomme de chemin au milieu du champ de bataille. Céline nous emmène si loin au bout de sa nuit que la moindre petite lueur insignifiante qu’il sème le long de la route devient si belle, si incroyablement belle qu’on en reste stupéfait, ému, profondément. C’est la force du livre : balayer les illusions sur la nature humaine pour mieux savoir apprécier ce qu’elle a de plus touchant, caché tout au fond d’elle. Le plus beau livre qu’il m’ait été donné de lire. Forcément un des plus sombre aussi.

 

 

 

Crime et châtiment

Crime et châtiment (Dostoïevski) : Comment résumer… Toute l’âme russe est peut-être dans ce seul livre. La beauté y côtoie la laideur, la noblesse se noie dans la petitesse. Crime et Châtiment est difficile à enfermer dans un genre précis : c’est une chronique sociale à la Zola, une tragédie grecque où l’on se bat pathétiquement contre son destin, c’est aussi un roman policier qui jette les bases du genre. Et puis il y a la question obsédante : peut-on tuer pour faire le bien ? Est-ce un droit, un devoir ou un crime  ? Est-ce que d’un petit mal peut naître un grand bien ? Le personnage de Raskolnikov est sans doute l’un des plus travaillé que l’on puisse imaginer en matière de criminel écorché vif, torturé par sa conscience. Les destins, les déchéances se croisent, chacun essaie d’échapper à la sienne pour finalement s’y résigner par fatalisme, folie ou désillusion. Avec la promesse d’une rédemption ou pas.

 

 

 

L'ange à la fenêtre d'occident

Gustav Meyrink – L’ange à la fenêtre d’occident : Je n’ai pas acheté ce livre parce que je connaissais l’auteur, ou qu’on m’en avait parlé d’une façon ou d’une autre. Mais ce titre, personne ne peut lui résister. Il m’est très difficile de parler de ce bouquin, il m’a happé et j’en ai retenu peu de choses. Lire Meyrink, c’est un peu se réveiller sans pouvoir se rappeler de son rêve. Mais sans frustration, avec la sensation floue qu’il s’est passé quelque chose d’important. De la trame, je me rappelle seulement les quêtes initiatiques croisées d’un homme du début du XXème siècle, et de celle de son ancêtre de la renaissance, le célèbre John Dee. Une plongée dans ce qui fait le noyau caché de la culture de l’Europe, de sa symbolique nébuleuse et foisonnante. Il sera ainsi question du Greenland mythique, de Prague, du Rabbi Loew et de son Golem  ; de l’ange vert, celui qui apparaît à la fenêtre de l’occident. Les mythes fondateurs se mêlent, on navigue d’un bout à l’autre du continent, de l’Angleterre jusqu’à la « Mitteleuropa », la Bohême de Rodolphe II. On suit le cheminement solitaire d’un homme complet comme seule la renaissance savait les faire : une époque troublée par des angoisses religieuses, où l’alchimie se mélange la science et où l’homme veut percer les mystères de la divine création. Oui, « L’Ange à la fenêtre d’occident » est un peu à l’image du XVIème siècle : confus et génial.

 

 

 

Nietzsche – Le Gai savoir : un livre à garder sur sa table de nuit, en toute occasion. Chaque fois que vous passez devant, vous devez, vous DEVEZ en lire un extrait. Le Gai savoir, c'est une sorte de kaleidoscope de la pensée de Nietzsche, avec à chaque coin de page des illuminations cruelles sur notre psyché. C'est un livre qui dissoud les certitudes de la morale en quelques pages, détruit l'anti conformisme avec quelque chose de bien plus puissant. Les bons sentiments deviennent des mobiles et on se sent presque nu, démasqué devant la perspicacité de cet homme paraît-il perpétuellement souffrant. Pourtant, comme le titre l'indique, le livre n'est pas une seule fois lugubre : c'est plus une entreprise de démolition dans la joie et la bonne humeur. Il assassine la morale bien pensante avec un sourire, qui veut peut-être dire "mais admirez les nouveaux horizons que je dévoile! Ne sont-ils pas merveilleusement plus beaux, plus vrais, en un mot plus réjouissants? "

 

 

 

 

 

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