BABEL d' Alejandro Gonzalez Iñarritu

 

 

 

 

 

Babel est un film énervant. Quand on va voir un Iñarritu, on sait qu'on va pas se détendre. Mais à ceux qui ont vu 21 grammes, qui se sont pris une grosse mandale mais sont ressortis de la salle en ayant le sentiment d’avoir vécu un moment de cinéma inoubliable…. N’espérez pas revivre la même chose avec Babel : à trop vouloir montrer de choses par l’absurde, il ne dit finalement plus rien.

Déjà, le film se contredit de long en large, passe son temps à dire que le mal de notre planète est la peur de son prochain et d’un autre côté, la justifie presque  : l’évènement racine est quand même un gosse marocain qui joue avec un fusil et qui en visant un bus dans le désert, touche une de ses passagères, américaine, selon une trajectoire balistique assez improbable. Comme si ce n’était pas assez ridicule, il a fallu que le film relie cet évènement à une handicapée japonaise et une nounou mexicaine. Je vous raconte pas la taille des ficelles.

Et puis les personnages sont rabaissés à longueur de temps, comme pour arracher le maximum de compassion au spectateur. Couche après couche, ça en devient presque gênant, voire un peu malsain quand ça tourne à l’expiatoire par moments. « N’en jetez plus ! », on a envie de crier.

 

 

 

Ainsi, la  magie qui opère dans 21 grammes s’évapore dans Babel, il ne reste que l’absurdité du malheur (qu’on essaie maladroitement de coller sur le dos de la mondialisation) et de la lourdeur, beaucoup de lourdeur. Exemple : sur le thème particulier de la solitude, le film se focalise sur -tenez vous bien- une japonaise sourde et muette, à Tokyo. Filmer la solitude à Tokyo, on se dit bon, rien de nouveau sous le soleil. Mais le fait de prendre en plus une sourde-muette pour sujet, j’vous jure… Du coup, adieu la suggestion, on se la prend en pleine tronche la solitude.

Mais tout le film est comme ça, gluant de commisération arrachée. C’est un hold-up sur la pitié, la stérile, celle dont on ne sait pas trop quoi faire et qui ne débouche sur rien d’autre que sûr un « c’est triste, quand même ».

Au final, autant vous éviter une expérience aussi pénible (et longue), allez voir je sais pas moi, un autre truc. De toute façon ça sera plus constructif.

 

 

 

 

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