Bon, il faut d'abord préciser pour plus d'honnêteté que je suis un inconditionnel béat de Paradox interactive. J'ai donc suivi entre autre la série des EU depuis ses débuts, et franchement j'y ai englouti un nombre d'heures indécent à y jouer . C'est le genre de jeux où le rapport entre complexité des mécanismes et réalisme est tellement bien pensé, qu'on ne met jamais bien longtemps à s'y familiariser. Après, on fout Civ à la poubelle en maudissant son simplisme.

Mais là, j'avoue que je suis très déçu du troisième opus : en gros, la 3d n'apporte rien, en fait elle retire plutôt de la clarté et une certaine forme d'esthétisme qui se dégageait de la 2d. Le jeu est moche, les unités sont taillées à la serpe avec 3 polygones, la carte du monde perd toute forme de particularité, tout se ressemble (il n'y a pas d'effet météo, pas de neige par exemple, ce qui fait que la Laponie ressemble à la Floride).

Mais le pire vient de la régression au niveau du gameplay : plus de clic droit, on est obligé de passer par l'énorme (il prend la moitié de l'écran et masque la carte) et très fouilli écran de gestion d'une province pour y faire la plus petite opération, c'est très pénible. Avant, on nommait les fonctionnaires, envoyait des colons et renforcait les fortifications d'un seul clic et c'était bien plus pratique. De plus, on pouvait repérer les infos importantes qui concerne la province (type de ressource / niveau d'imposition et de production) d'un seule coup d'oeuil, sans avoir à ouvrir de panneau.
Pareil pour le recrutement des unités, je n'ai pas encore trouvé comment recruter en masse (20 régiments de cavalerie par ex, ou plusieurs navires de ligne dans un chantier naval) à tel point que je me demande si c'est encore possible. Si ça n'est pas le cas, ça serait un non sens historique : on recrute régiment par régiment, ce qui pour certaines régions très peu peuplées pourrait se comprendre, mais quand il s'agit de l'île de France, merde on est en droit d'attendre une bonne levée en masse boudiou! Bon, mais j'ai encore un doute sur cette incohérence, peut-être est-ce moi qui m'y prend mal et j'ai la flemme de faire le didacticiel; quoi qu'il en soit, l'interface de recrutement qui était très intuitive dans le 1 et le 2 aurait été conservée que ça aurait pas été plus mal, loin de là.
Autre défaut : la gestion du commerce : on est obligé de placer les marchands individuellement, c'est très fastidieux, surtout qu'il faut le faire constamment. Enfin, et on en restera là pour les défauts qui m'ont sauté aux yeux, c'est l'abscence d'évènements historiques scriptés. Ceux qui arrivent sont générés de façon aléatoire et ont une portée souvent très limitée.

 

 

Sinon, on a quelques nouveautés appréciables au niveau du système de jeu : l'introduction des conseillers, du prestige, des valeurs nationales qui donnent des bonus, c'est pas mal même si ça donne parfois des incohérences historiques (du genre, l'espagne pourra faire appliquer les thèses d' Adam Smith en plein siècle d'or) ; hors, le respect de l'histoire est quand même le point fort de la série. La vraie bonne surprise vient de la prise en compte du Saint Empire romain germanique et du Vatican qui n'existaient pas dans les opus précédents. Ca permet de mener une diplomatie peut-être un peu plus fine et moins fondée sur la force brute.

Donc voilà, bilan très négatif. Le fond a été perdu au profit de la forme, ce qui est encore plus regrettable dans la mesure où la refonte de cette dernière est ratée. Les petits gars de paradox sont pas des graphistes, on le sait et ils se sont engagés sur un terrain qu'ils ne maitrisent pas bien. Ce qui est plus étonnant, c'est qu'ils aient bousillé une interface et un système de jeu qui avaient fait la preuve de leur efficacité. L'abandon du clic droit reste une faute de goût impardonnable ('veulent porter le jeu sur Mac?? )

Mais cet avis n'est peut-être valable que pour ceux qui connaissent bien la série, les autres qui voudront la découvrir avec cet épisode seront comblés si ça se trouve. Néanmoins, je leur conseille plus l'épisode 2 s'il veulent s'y mettre, à tous les niveaux.

Chronique aussi publiée sur Canardplus.com

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